51 après J-C -----------> 276 ..........D'abord emporium, lieu de foire et comptoir de commerce Biturige Vivisque, Burdigala, ville - marché au bord du fleuve celtique Garonna, contrôle une des antiques routes de l'étain et du plomb reliant le port Gaulois de Corbilio, sur l'embouchure de la Loire, à la Narbonnaise et à Rome.Burgidigala va largement bénéficier de la "pax romana" après l'arrivée de César en Aquitaine (51 ap JC ). ..........Sous Vespasien (69-79) Burdigala n'est encore qu'un chef-lieu de la province aquitaine, créée par Auguste, dont la capitale est MEDIOLANUM SANTONUM (Saintes). ..........Au tout début du premier siècle, sous l'Empereur Auguste, les urbanistes romains construisent la ville autour du cardo et du decumanus (E), larges voies empierrées perpendiculaires servant de guides aux villes romaines. ..........La romanisation embellit Burdigala, avec les temples, les thermes, les portiques, les curies; la ville s'étend sur les collines proches "qui émergent des marécages comme les iles de la mer" (Strabon), évitant les bords paludéens de la Divona, de l'Odeia et du Peugue,(D). ..........Au IIème siècle Burdigala, plus grande (126 hectares), plus belle et plus riche que Saintes, devient capitale administrative de l'Aquitaine; la ville ouverte reste un centre commercial très cosmopolite (ce qui est attesté par les inscriptions romaines et les épitaphes d'étrangers), qui accueille Bretons, Grecs, Trévises, Juifs, Ibères Déjà, sous Vespasien, l'aristocratie du commerce assure à la ville sa promotion politique, obtenant ainsi le droit de municipe. ..........La "pax romana" entraîne la collaboration étroite des populations indigènes (en particulier des élites) bituriges et médulliennes, l'occupant romain apportant prospérité, respect des croyances, et sauvegarde des droits de la cité d'origine; la Constitution Antonine, promulguée en 212 par l'Empereur Caracalla fils de Septime Sévère, donne droit de cité romaine à l'ensemble des citoyens libres de l'Empire.
..........Dès la fin du Premier siècle la vigne est complantée sur les côteaux entourant Burdigala (D), les Bordelais ayant ramené d'Albanie des plants de Basilica (rebaptisé Biturica) résistant au climat aquitain, sans doute à l'origine du cabernet. Sur les villas gallo-romaines qui appartiennent aux grandes familles fortunées détentrices des richesses foncières, la vigne couvre les graves et y fait "une verte couronne" selon la remarque d'Ausone un siècle plus tard (il qualifiait BURDIGALA "d'insignis Baccho"); la forêt originelle, encore abondante, occupe les vastes espaces sablonneux; les marais (D) du Peugue et de la Devèze,que l'on commence à assécher, deviennent prairies. ..........C'est dans ce cadre que probablement au début du IIIème siècle le Palais Gallien a été construit, entre 193 et 235,pendant l'époque séverienne, sur la colline au nord-ouest de St Seurin (qui n'est à l'époque que champ funéraire), près de la via Medullica et de la source d'Odeia. Illustration E : Plan supposé de Burdigala au milieu du IIIéme siècle d'après C.Jullian - A.M.Bx ..........Edifié dans une dépression géologique de la terrasse moyenne de l'ère quaternaire, à deux cents mètres environ de la source de l'Audeyole (la Font d'Audège), en bordure du marais (E), l'amphithéâtre, dont les axes ne correspondent plus aux orientations du cardo et du decumanus, marque l'extrême limite Nord-Ouest de la ville; lieu de mort de par les combats qui s'y déroulaient, on pouvait en évacuer les dépouilles mortelles des gladiateurs sans "souiller le territoire urbain" vers le champ funéraire tout proche, dans les sablières de Terre-Nègre. ..........La pax populi romana a assuré à Burdigala, cité de négoce et lieu de foire, une position de "plus grand marché de la Gaule côté Océan" à tel point que les habitants de la ville, en étalant un luxe ostentatoire, passent alors dans l'Empire romain pour des parvenus . L'édification des arènes eut-elle quelques liens avec l'existence des foires commerciales et des spectacles qui les accompagnaient ? Le monument de pierre fut-il précédé d'un amphithéâtre en bois élevé lors du passage de l'Empereur Caracalla comme celui-ci l'exigeait de toutes les villes qu'il visitait (témoignage de Dion Cassius) ?..........Les belles arènes construites dans l'art architectural de l'Afrique romaine n'auraient présenté que pendant trois à quatre décennies les spectacles qui exacerbaient souvent les passions morbides du public : combats d'animaux, luttes de gladiateurs, exécutions de prisonniers barbares. L'invasion des Germains en 276-277 a-t-elle incendié le monument dont la cavea était en bois, ou bien l'amphithéâtre a-t-il été à cette époque abandonné et laissé à la ruine loin des murs de la ville ? ..........Désormais Burdigala se resserre derrière les hauts remparts du Castrum (U) - sa superficie diminue de trois quarts - et les vestiges des arènes se dressent maintenant extra muros à plus de six cents mètres de la porte Iovis, passage Nord-Ouest dans l'enceinte fortifiée; alors commence le démantèlement des murs de l'amphithéâtre dont les pierres (ainsi que de nombreuses dalles funéraires des tombeaux aux alentours) serviront à édifier les murailles protectrices de la ville, transmettant de la sorte à la postérité la mémoire historique des trois premiers siècles de la ville . ..........Le silence s'étend désormais sur les ruines; cinquante ans plus tard, Ausone, si disert sur la vie locale, les ignore; il faudra treize siècles pour que les humanistes de la Renaissance redonnent au monument sa vraie vocation initiale et écrivent son histoire.
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